DEVENIR EPIPHANIE

DEVENIR EPIPHANIE
 
Ce matin, le petit Antoine regarde avec des yeux tout ronds, les trois personnages que sa maman a rajoutés aux autres santons de la crèche. Ses trois Rois mages, avec leurs habits somptueux et leurs cadeaux bien enveloppés, l’intriguent singulièrement.

Quels sont donc ces cadeaux que portent les mages, se dit-il, un train électrique, un ballon, un jeu de l’oie ? Antoine ne sait pas. Mais ce qui le frappe, c’est que, parmi ses nouveaux arrivants, l’un est noir, l’autre est jaune et l’autre blanc. Comment ont-ils bien pu se retrouver ceux-là.

Heureusement, maman lui donne l’explication : « Tu vois, ces mages viennent de tous les pays du monde. Tu sais bien, en Afrique, les gens ont la peau noire, en Asie plutôt jaune, et nous on est blanc, enfin blanc-rose !

Et nous mettons à la crèche ces trois personnages si différents pour bien montrer que ce sont les gens du monde entier qui peuvent venir adorer Jésus, parce que Jésus aime tous les hommes et invite tout le monde, sans exception à venir lui rendre visite. Tu comprends ? »

Antoine a tellement bien compris qu’il fonce vers sa caisse à jouets et il finit par retrouver dans son fatras les deux personnages qu’il voulait : le chef sioux avec ses grandes plumes colorés, et un affreux petit E.T. Il les place à côté des rois mages, tout en disant à sa maman : « Si Jésus est venu pour tout le monde, il n’y a pas de raison que ces deux-là ne soient pas là non plus ».

Voilà comment, par la catéchèse toute simple d’une maman, un enfant de 5 ans avait compris le sens profond de l’Epiphanie : par cet enfant né à Bethléem, Jésus, le salut de Dieu est révélé et destiné à tous les hommes de la terre. A Bethléem, commence une nouvelle aventure de Dieu dans l’humanité. Jamais Dieu n’avait été aussi proche de l’homme, se faisant maintenant homme lui-même pour mieux rejoindre l’homme dans son humanité et le conduire à son achèvement.

Mais, car il y a un « mais », si Jésus est l’épiphanie, la manifestation, la révélation du projet universel d’amour de Dieu, il reste que chaque homme à son tour est lui aussi, sous une forme ou une autre, l’épiphanie de ce Dieu qui l’aime, tout simplement, parce qu’en chaque homme, il y a une étoile.

Saisissez cela. Je suis l’épiphanie de Dieu qui m’aime. En moi, il y a une étoile qui scintille, pour moi et pour les autres.

En effet, Dieu a donné à chaque homme, comme aux mages, une étoile pour le guider vers le bien, le beau, vers son Royaume d’Amour.

Cette étoile, c’est le merveilleux qu’il y a en chaque homme. Chez l’être le plus endurci, surgit un jour ou l’autre un geste de tendresse. Il y a en chaque être humain la signature de Dieu. Malraux disait : « Nous avons à révéler aux hommes les grandeurs qui sont en eux ».

N’est-ce pas là par excellence la vocation du chrétien : repérer et faire découvrir à l’autre, dès qu’il perçoit en lui une réceptivité et une recherche, la présence de cette étoile, lui révéler qu’il n’est pas un nul, un raté, un pauvre type, mais l’enfant follement aimé d’un Dieu qui lui a donné son Fils pour être cette lumière qui brille au cœur de ses plus grands désespoirs.

Le chrétien, c’est celui qui a des antennes et sait découvrir les grandeurs cachées des petits, il voit une star dans une mère de famille, il voit une reine dans la petite infirmière qui se dévoue au-delà du temps et du travail prévus.

Tout chrétien, comme tout homme, a donc lui aussi son étoile : l’étoile de sa destinée, de son avenir éternel. Il sait qui elle est : le Christ, Lumière pour éclairer les nations, Astre d’en Haut qui vient nous visiter.

Suivre cette étoile, ce n’est pas autre chose que suivre le Christ qui éclaire sa route par sa Parole, et par le don de son Corps dans l’Eucharistie.

Devenu un autre Christ, le chrétien devient comme le Christ épiphanie de Dieu. Il devient pour ses frères l’étoile extérieure qui lui rappelle la présence de cette étoile intérieure allumée en lui par l’Esprit Saint.

Alors, mon frère, ma sœur, n’oublie pas ton étoile. Et si tu devenais « épiphanie » de l’amour intérieur qui t’habite ?

 

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