RÉSONANCES DU CANTIQUE DES CANTIQUES

RÉSONANCES DU CANTIQUE DES CANTIQUES
 
Le Cantique des cantiques est un des textes les plus énigmatiques que nous offre l’Ancien Testament. Poème audacieusement profane (il ne contient qu’une mention furtive de Dieu-‘Yah’), il a été très tôt spiritualisé par la tradition juive aussi bien que chrétienne.

Il m’a semblé qu’il fallait lui garder sa signification authentiquement humaine de base, et partir de celle-ci pour d’éventuels développements symboliques ou théologiques. Mais, au préalable, j’ai cherché à retrouver la sonorité ‘sacrale’ de son langage : ode à l’amour, elle chante celui-ci dans sa réalité la plus concrète, mais à l’aide d’un vocabulaire sensible à plusieurs niveaux de profondeur. Les mots principaux ont presque tous un double sens : un premier sens pastoral, champêtre, et, en résonance seconde, un sens amoureux. J’ai donc tenté de livrer dans cet essai une version ‘amoureuse’ du Cantique, dans toute sa musicalité.

 

Chant second : Voix de mon Bien-Aimé, voici qu’il vient,

Bondissant par-dessus le ventre des montagnes,

Sautant par-dessus la rondeur des collines,

Pareil, mon Bien-Aimé, au daguet superbe,

Ou au faon des biches fougueuses.

Le voici aux aguets derrière notre enceinte,

Son regard fouille par les percées,

Il luit furtivement au travers des treillis.

Il me presse, mon Bien-Aimé, de sa parole

« Lève-toi – vers toi-même-, doux repos de mon âme,

Ma jolie, et viens-t-en -pour toi !

Car voici : le printemps s’est écoulé,

La pluie s’est dissipée, elle s’en est cillée.

Le sol étincelle de fleurs,

Le temps nous presse d’épamprer la vigne enchantée,

Et le roucoulement de la tourterelle

Se fait entendre dans le pays

Le. figuier embaume ses baies

Et les vignes pamprées, toutes en fleurs, Répandent leur haleine.

Lève-toi – vers toi-même -, mon Aimée,

Ma jolie, et viens te réfugier – vers toi-même-

Ma colombe ardente, dans les fentes du rocher,

Dans le secret des falaises.

Fais-moi voir ta beauté, et entendre ta voix !

Car ta voix est douce comme une vesprée,

Et ta beauté, plaisante comme les prés. Attrapez-nous les renards fuselés,

Les renardeaux chafouins qui désolent les vignes

Car nos vignes nobles sont en fleurs.
 Le texte intégral, sous le titre Résonances du Cantique des cantiques, peut être trouvé dans l’édition ‘L’Arbre à Paroles’, Maison de la Poésie d’Amay, 50, Grand-Route – BP 12, B 4540 Amay.

José-Willibald Michaux.

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